Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
15 juin 2013 6 15 /06 /juin /2013 08:17

Dans l'éternel débat portant sur les retraites, comme dans de nombreux autres débats, sommes-nous en train de préparer l'uniformité ?

 

Le combat pour l'égalité n'est pas l'abêtissement par l'uniformité. J'ai bien aimé l'expression d'Henri Lachmann, président du Conseil de surveillance de Schneider Electric et co-auteur du rapport "Bien-être et efficacité au travail"   qui disait, dans une conférence à l'Assemblée Nationale : "lorsque deux personnes sont du même avis, je pense qu'il y en a une de trop"

En clair, le "penser pareil" ne peut pas faire évoluer notre société.

C'est par la différence que chacun peut parfaire l'oeuvre commune. Si chacun approuve ce que dit le précédent, alors c'est la meilleure façon de faire du sur-place et quand la société avance, faire du sur-place, c'est reculer !

Adonc, l'expression de la différence  a toujours été le moteur de toute société qui veut évoluer.

 

Ce n'est pas pour rien si les dirigeants totalitaires ont toujours prisé l'uniforme !

Si la discrimination doit être combattues partout, les différences doivent pouvoir s'exprimer librement. C'est ainsi que doivent se porter les valeurs d'une société en marche. Le mariage pour tous est venu nous rappeler cela.

 

 

Si le débat sur les retraites doit se traduire en terme d'égalité, de discrimination et de différences, le gouvernement doit être cohérent.  Il porte l'égalité républicaine, il combat les discriminations et encourage les différences.

  • L'égalité républicaine ce n'est pas l'uniformité. L'égalité c'est le combat entreprit pour que chacun dans une situation égale bénéficie des mêmes droits. Doit-on rappeler le combat mené pour assurer l'égalité entre les hommes et les femmes en terme de salaires et de responsabilités ?

 

  •  
  • La lutte contre la discrimination est un complément indispensable pour permettre l'intégration de toutes les différences pour faire société. Aucun geste, aucune mesure, aucune parole ne peut être tolérée pour écarter celui qui est différent, qu'il soit blanc, noir, arabe, musulman, chrétien, agent de la fonction publique ou salarié du  secteur privé.

 

  •  Enfin la différence est une richesse incommensurable. Quelques faits! Si l'on observe son entourage on peut noter combien chacun veut être différent de l'autre. J'ai une maison standard mais, pour être différent, je vais ajouter un chapiteau, des aigles napoléoniens devant la porte ou le buste d'un lion accueillant. Combien de geste de la vie, de posture nous conduisent à rechercher la différence ? En fait nous existons parce que nous sommes différents. Prenez une ramette de papier. Les feuilles qu'elle contient n'existent pas puisque c'est une ramette que l'on voit. Mais si l'on enlève une feuille de cette ramette alors elle apparaît comme une feuille, elle existe enfin pour sa fonction. L'homme n'est pas différent. Il a besoin pour vivre d'exercer sa fonction et donc d'exprimer ses différences.

 

Maintenant revenons au débat sur les retraites.

Doit-on uniformiser les régimes, les montants, les annuités, que sais-je encore ?

Combien gagne un ingénieur ou un technicien dans le privé? Quelle est sa fonction, son métier, son lieu de travail ? Combien gagne un ingénieur ou un technicien dans le public ? Quelle est sa fonction, son métier, son lieu de travail ? Il faut aligner les rémunérations ? les retraites ? donc les fonctions, les métiers, le travail ? Absurde ! (sauf pour le gagnant)

Combien gagne un plombier dans le secteur privé et combien dans le secteur public ? Dans le public c'est juste au dessus du smic ! Il faut aligner les retraites ? Absurde ! (sauf pour le gagnant)

Combien gagne un chef d'entreprise dans le privé qui encadre 1000 salariés et combien dans le public ? Vous voulez aligner les retraites ? Absurde !(sauf pour le gagnant)

 

C'est donc un faux débat. Les différences sont la nature même de l'emploi, du lieu de son exercice, du salaire versé, des cotisations payées, du temps de travail, de durée de carrière effectuée, de la pénibilité, etc. etc.

Les droits de chacun ce sont construits au fil du temps et tiennent compte des spécificités des uns et des autres, que seuls les uns et les autres sont en mesure d'apprécier.

L'important réside dans le fait que les uns et les autres bénéficient, là ou ils se trouvent, des mêmes droits que les uns et les autres qui sont au même endroit. C'est l'égalité !

 

L'un regarde les éventuels avantages de l'autre sans jamais considérer les siens comme tels !

C'est normal. Warren Buffet, un des plus grand milliardaire de la planète, disait: "la guerre des classes existe, c'est nous qui la menons, et nous sommes en train de la gagner"

Si nous continuons, bientôt nous serons identifiés par notre uniforme.

juin 2013

Partager cet article
Repost0
5 avril 2013 5 05 /04 /avril /2013 08:24

« Tôt dans ma vie, j’ai donc flairé avec horreur que des êtres apparemment réglo – et qui le sont sans doute – peuvent être mêlés aux plus viles actions dès lors qu’ils se coulent dans un contexte qui donne un autre sens à leurs actes. Lorsqu’un individu doté d’une vraie colonne vertébrale morale s’aventure dans un cadre maléfique, il n’est plus nécessaire d’être le diable pour le devenir. »

 

Il n'est donc pas nécessaire d'être le diable pour le devenir.

Le système économique,  qui glorifie la performance, sanctifie la richesse, et adule les nominés du palmarès des milliardaires,  est devenu ce cadre maléfique. La société est devenue une machine à consommer où les besoins relatifs sont tout à fait insatiables. L'envie de toujours plus est une arme redoutable qui avilit les hommes. Jérôme Cahuzac, à la différence de beaucoup d'autres, a eu l'outrecuidance, l'affront,  d'avouer ! L'affaire Cahuzac révolte les consciences de la classe politique parce que le reflet de la glace est éblouissant. Médecin (comme beaucoup d'élus), riche (comme beaucoup d'élus) intelligent (comme beaucoup d'élus) Franc maçon (comme beaucoup d'élus), etc. (comme beaucoup d'élus), il est comme beaucoup d'entre eux. Mais ne tirons pas sur les élus. Comme l'écrit Alexandre Jardin, il n'est pas facile de se sortir d'un cadre maléfique. Je ne sais combien de citoyens, plonger dans les mêmes vérités, avec les mêmes revenus et la même envie de posséder toujours plus, ne succomberaient pas au cadre maléfique. Alors,  la classe politique n'est-elle pas l'exacte représentation de notre société ?

 

Le régime présidentielest un leurre de démocratie.

 

Tant que les campagnes électorales seront aux mains de communiquant et financées par des intérêts privés, alors d'autres "Cahuzac" naîtrons. Beaucoup trop d'élus sont plus passionnés par les présidences que par de vraies projets politiques au service des citoyens.

Des gens plus instruits et compétents que moi doivent penser demain ! J'aime assez l'idée de la démocratie Athénienne par tirage au sort qui est portée par Etienne Chouard. La politique doit redevenir un service et non plus une profession. Les élus tirés au sort pour un mandat, protégés dans leur action sont peut-être la voie ?

Alors que ceux qui crient au loups mettent leur décibels au service d'une démocratie, expression d'une cité, le pouvoir par le peuple.

Alexandre Jardin: "Des gens très bien" Editions Grasset 2010

Partager cet article
Repost0
22 février 2013 5 22 /02 /février /2013 22:40

 

 

esquive.jpg

 

Il est actuellement difficile de comprendre le contour de ce que beaucoup dénomme « le  dialogue social ».  

 

Le mot dialogue est formé à partir de deux éléments :

  •      " dia " qui signifie "à travers, entre"
  •     "  logos " qui signifie "la parole, le discours "

 

Le dialogue est donc un échange entre deux personnes ou groupes de personnes. Lorsque la parole circule entre les hommes elle ne s'oppose ni à l'un ni à l'autre. Elle s'échange. Le dialogue ne peut donc pas être l'exercice d'un pouvoir. Il n’y a pas d’enjeu.

 

Sauf à vouloir abuser de l'exercice du pouvoir sans partage, qui est le quotidien des régimes  totalitaires, le dialogue social exige du respect et une absence totale de rapport hiérarchique.

 

Pourtant c’est l’employeur, le gouvernement, les détenteurs du pouvoir qui parlent de renforcer le dialogue social. Souhaitent-ils pour autant abandonner leur piédestal pour échanger entre égal ?  Bien sûr que non. Alors pourquoi utiliser le terme de dialogue social puisque le mot qui conviendrait le mieux à ce rapport d’enjeu entre deux parties serait négociation ?

Le mot « négociation » désigne une discussion, un échange de vues entre deux parties qui cherchent un accord au mieux de leur intérêt. Chacun est donc prêt à lâcher du lest, à proposer des solutions dans un face à face qui fait intervenir des intérêts multiples.

 

Adonc, on peut désormais comprendre pourquoi l’expression "dialogue social" est préférée au mot "négociation". Il n’y a plus rien à négocier.

 

Puisqu’on ne peut pas changer les choses, changeons les mots !

 

Partager cet article
Repost0
19 janvier 2013 6 19 /01 /janvier /2013 14:07

ouvrir la brecheJe tapotais sur mon clavier pour m'enchanter d'une journée passée avec la Haute Autorité de Santé (HAS). Vous ne connaissez peut-être pas la HAS ?

C'est une autorité indépendante du pouvoir, chargée de certifier la qualité des établissements de santé. Pour réaliser cette démarche elle s'appuie sur un réseau d'experts visteurs qu'elle forme et missionne.

J'intègre un groupe, avec d'autres représentants syndicaux, qui travaille sur la "Qualité de vie au Travail et Qualité des soins". Dans ce cadre, nous avons donc rencontré les experts visiteurs et nous avons échangés sur nos pratiques et nos difficultés pour améliorer la procédure de certification afin qu'elle intègre davantage les critères de qualité des conditions de travail des personnels hospitaliers. Tout le monde est d'accord: il ne peut pas y avoir de qualité des soins sans qualité des conditions de travail.

Animée par la HAS et l'Agence Nationale d'Amélioration des Conditions de Travail, enrichie de la présence de professeur en médecine du travail (Pr Daniellou de BORDEAUX et du Pr Davezies de LYON), l'ambiance est respectueuse.

A la fin de la journée j'étais personnellement très satisfait de l'avancée de nos travaux. Enfin les conditions de travail des personnels seront prises en compte dans la démarche de certification. Il est vrai que cette intégration de la qualité du travail dans cette démarche va prendre plusieurs années. Je pense que 10 ans ne seront pas de trop pour que les employeurs des établissements de santé, publics et privés, comprennent que la qualité s'organise avec ceux qui travaillent.

 

Mais ce 18 janvier Marisol Touraine Ministre de la Santé, semble organiser le contraire. C'est par une dépêche de l'APM (Agence de Presse Médicale) que j'apprend

l'intention du gouvernement d'appliquer une baisse des tarifs des hôpitaux publics de l'ordre de 1,71%, alors que celle des cliniques serait limitée à 0,53%.

 Une baisse de 1,7% sur plus de 50% de l'activité des hôpitaux qui sont déja en état de quasi faillite, c'est un assassinat !

 

Je ne sais pas si la Ministre de la santé, qui n'est manifestement pas à la hauteur pour affronter les lobbyes de la santé ira au bout de son erreur . Si tel est le cas se seront environ 20.000 nouveaux emplois qui sauteront dans les hôpitaux.

 

Alors quelle démarche qualité peut-on entreprendre avec un tel environnement ?


Le travail de qualité passe à la trappe et le socialisme devient soluble dans la crise.

Mais, pour ne pas être désespéré il faut porter son regard au dessus de la médiocrité des instants qui passent pour deviner ce que sera le monde que nous voulons.

L'espérance est un moteur qu'une panne de bon sens ne saurait entraver .




 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
2 janvier 2013 3 02 /01 /janvier /2013 10:25

enfants.pngTel est mon voeux pour 2013. 

 

Partout nous n'entendons que plaintes et gémissements. Mais combien de ces mécontents se lèvent pour réagir ? Oui, d'accord ! Suivent immédiatement les questions: Mais avec qui ? et comment ?

 

A ceux-là je réponds:

"Rester seul ne peut être la solution ! 

Cette solitude sert peut-être votre confort ? Elle vous permet de ménager votre vie en fonction de ces moments qui défilent et que vous tentez d'organiser au mieux. Mais alors de quoi vous plaignez-vous ? 

Vous pensez que le monde ne va pas bien ? Que votre situation n'est pas satisfaisante ? Que les injustices qui vous frappent deviennent insupportables ?  

Alors secouez-vous ! Engagez-vous ! Il y a des associations, des syndicats, des partis,  qui vous attendent. Vous n'arriverez pas à tout changer, mais vous deviendrez utile aux autres. Dans la lumière ou dans l'anonymat il n'est pas de plus grand combat que d'être libre pour servir ce que l'on croit juste et bon. 

 

Tel est mon voeux pour vous !" 

 

Dites lui !

 

Partager cet article
Repost0
7 décembre 2012 5 07 /12 /décembre /2012 08:04

la-boetie.jpgEt pour longtemps encore ?

 

La passivité, l’inertie de mes collègues, de mes camarades, de certains de mes amis témoins d’injustices, d’adversité, de cupidité, ou victimes de ces petits chefs qui rampent devant le grand chef tout en fustigeant les « petits », a toujours été pour moi une grande inconnue. Comment peut-on accepter l’inacceptable ?  Si un jour je suis devenu syndicaliste alors que rien ne me préparait à m’immerger dans cet univers inconnu de ma famille, c’est peut-être parce que je n’ai jamais supporté l’injustice d’où qu’elle vienne, et ce depuis tout petit. Et donc, je me suis retrouvé un jour face à un employeur pour porter la parole de celui qui ne voulait plus la prendre.

Je ne m’étais jamais posé la question de savoir pourquoi il en était privé. La peur du chef ? Perdre son emploi ? Et je ne sais quel autre fantasme ramollissant les consciences au point d’anéantir la fierté, la dignité, la volonté de rester debout face à l’adversité.

 

« Le Monstre doux » de Raffaele Simone, que j’ai largement cité dans mes précédentes écritures, décrit parfaitement cette nouvelle forme de domination qui dégraderait les hommes sans les tourmenter. « Isolés, tout à leur distraction, concentrés sur leurs intérêts immédiats, incapables de s'associer pour résister, ces hommes remettent alors leur destinée à  un pouvoir immense et tutélaire qui se charge d'assurer leur jouissance (…) et ne cherche qu'à les fixer irrévocablement dans l'enfance. Il ne brise pas les volontés mais il les amollit (…), il éteint, il hébète. » [1]

 

Une lueur apparaissait. Il y avait peut-être encore une évolution possible par les substrats de volontés enfouies dans le subconscient de chacun. Ce qui était pour moi une forme de nouveauté dans la société contemporaine, cet abandon de la liberté, cet abêtissement du peuple, pouvait être réversible. La volonté de ce pouvoir immense et tutélaire était donc la seule responsable.

 

Patatras !

La lecture du « Discours de la servitude volontaire », un petit ouvrage magistral écrit en 1548 par La Boétie [2], vient anéantir dans les catacombes de mes maigres certitudes toutes les ambitions visant à réveiller le monde, tout au moins, mes collègues, camarades, et les lecteurs, témoins d’une société en marche vers une redoutable inconnue.

Il devient donc inutile de refaire le monde ! La Boétie le décrit par quelques phrases sans détour, récitant nos comportements coupables autorisant le règne des  tyrans par la servitude du peuple.

« Il est incroyable de voir comme le peuple, dès qu’il est assujetti, tombe soudain dans un si profond oubli de sa liberté, qu’il lui est impossible de se réveiller pour la reconquérir : il sert si bien, et si volontiers, qu’on dirait à le voir qu’il n’a pas seulement perdu sa liberté, mais bien gagné sa servitude …

 

Déjà en 1548 !

Mais, à cette même date, la révolte de la gabelle des paysans en Angoumois, Saintonge et Guyenne venait me rassurer sur la capacité des hommes, des Piteux, de s’élever contre l’injustice. Ils sont certes très minoritaires car la répression est terrible. Alors, à côté, les indifférents sont dépeints par La Boétie avec une certaine compréhension pour ne pas dire compassion.

«  Ils prennent pour leur état de nature l’état de leur naissance. Ils finissent par s’habituer au poison, celui de nous apprendre à avaler le venin de la servitude sans le trouver amer.

Ainsi, la première raison de la servitude volontaire, c’est l’habitude.

 

C’est comme çà ! disent-ils en silence en baissant les yeux. Cette réflexion est impie au plus haut point pour des militants qui ne cessent d’engager leur vie pour que justement les choses changent. Le mécontentement silencieux devient une inertie coupable.

 

Pour la Boétie,

« De cette première raison découle que sous les tyrans, les gens deviennent aisément lâches et efféminés.  Les gens soumis n’ont ni ardeur, ni pugnacité au combat. Ils y vont comme ligotés et tout engourdis, s’acquittant avec peine d’une obligation. Ils ne sentent pas bouillir dans leur cœur, l’ardeur de la liberté qui fait mépriser le péril et donne envie de gagner….

 

Ils ont perdu la conscience de la force collective tout occupé à leur distraction, concentrés sur leurs intérêts immédiats, incapables de s'associer pour résister, etc., etc. Heureusement la suite encourage :

 

«Chez les hommes libres au contraire, c’est à l’envie, à qui mieux mieux, chacun pour tous et chacun pour soi : ils savent qu’ils recueilleront une part égale au mal de la défaite ou au bien de la victoire. »

 

Nous ne sommes jamais sûrs de gagner, mais nous sommes convaincus que les uns ne pourront pas s’en sortir sans les autres. La solution individuelle ne peut être que le fruit d’une « égoïsterie » coupable. Par contre au fil du texte, La Boétie sort de sa mansuétude pour dénoncer les parasites de la société en mouvement.

 

« Mais les gens soumis dépourvus de courage et de vivacité, ont le cœur bas et mou et sont incapables de toute bonne action. Les tyrans le savent bien. Aussi font-ils tout leur possible pour mieux les avachir. »

 

Aujourd’hui cet avachissement prend la forme de la mise en concurrence avec les collègues, de l’évaluation qui les placent sous la tutelle de protocoles, de référentiels, de guides de procédure qui nivelle la pensée, qui assèche le bon sens, etc.  Mais pour la Boétie, le pire sont ces rampants qui viennent s’agenouiller devant leurs maîtres comme un directeur d’hôpital devant son directeur d’agence régionale de santé.

 

« Ces misérables voient reluire les trésors du tyran ; ils admirent, tout ébahis, les éclats de sa magnificence ; alléchés par cette lueur, ils s'approchent sans s'apercevoir qu'ils se jettent dans une flamme qui ne peut manquer de les dévorer. »

 

Ils ne veulent pas entendre ceux qui veulent respirer la qualité du travail bien fait, ceux qui veulent éveiller la conscience militante pour une vie plus respectueuse des hommes au travail. Ils préfèrent se jeter sous le joug du bourreau que de se lever vers celui qui lui tend la main.

 

« Tel est le penchant du peuple ignorant, soupçonneux envers celui qui l’aime et confiant envers celui qui le trompe. Quand je pense à ces gens qui flattent le tyran pour exploiter sa tyrannie et la servitude du peuple, je suis presque aussi souvent ébahi de leur méchanceté qu’apitoyé de leur sottise.

Car à vrai dire, s’approcher du tyran, est-ce autre chose que s’éloigner de sa liberté et, pour ainsi dire, embrasser et serrer à deux mains sa servitude ? »[3]

 

Si je conjugue cet apprentissage à celui d’Alexandre Jardin qui tôt dans sa vie, a flairé avec horreur que « lorsqu’un individu doté d’une vraie colonne vertébrale morale s’aventure dans un cadre maléfique, il n’est plus nécessaire d’être le diable pour le devenir »[4], alors Machiavel avait raison, « l’inertie du peuple devient la force des tyrans »

 

Adonc, la servitude serait un état de nature de l’homme !  S’il en est ainsi, Rousseau a donc raison en soutenant que « les uns ne peuvent s’agrandir qu’aux dépens des autres et de là naît la domination et la servitude. »

L’homme ne doit pas devenir l’athlète d’une compétition, le gladiateur d’une arène, mais bien le serviteur libre d’une société en marche pour chacun sans n’en oublier aucun.

 

La liberté donne du courage et le courage offre la liberté.

Pensez-vous que ce cercle vertueux puisse se concevoir dans le ridicule bulbe cervical de ces misérables qui  admirent, tout ébahis, les éclats de la magnificence du tyran ?

 

 

 

Denis Garnier

Décembre 2012

 

 

 

[1] Raffaele Simone, Extrait d’un entretien au journal « le Monde » 12 septembre 2010

[2] « Discours de la servitude volontaire » Etienne de La Boétie – 1548- Editions mille et une nuits, 1995- traduction en Français moderne de Séverine Auffret.

[3] Alexandre Jardin « Des gens très bien »  Editions Grasset et Fauquelles et Alexandre jardin – 2010

[4], Alexandre Jardin « Des gens très bien »  Editions Grasset et Fauquelles et Alexandre jardin – 2010

     

Partager cet article
Repost0
6 mars 2012 2 06 /03 /mars /2012 17:47

Jaures.jpgJe vous invite à partager le plaisir que j’ai eu de parcourir quelques lignes de ceux qui me permettent d’effleurer tout le sens d’une vie militante. Ils s’appellent Raffaele Simone, Jean Jaurès et Emmanuel Kant.

 

Raffaelle Simone m’a permis de comprendre l’apathie du plus grand nombre. «Un monde où le consommateur a remplacé le citoyen, où le divertissement supplante le réalisme et la réflexion, où l'égoïsme règne. Il faut ajouter que défendre les idées de justice, de solidarité, d'aide aux démunis et se préoccuper du long terme et de l'avenir de la planète apparaît aujourd'hui comme une attitude difficile, courageuse, mais hélas contraire à l'intérêt égoïste de court terme. Cela coûte, exige des efforts. »[1]  Pour lui, « Le Monstre doux » décrit parfaitement cette nouvelle forme de domination qui « dégraderait les hommes sans les tourmenter ». Isolés, tout à leur distraction, concentrés sur leurs intérêts immédiats, incapables de s'associer pour résister, ces hommes remettent alors leur destinée à « un pouvoir immense et tutélaire qui se charge d'assurer leur jouissance (…) et ne cherche qu'à les fixer irrévocablement dans l'enfance. Il ne brise pas les volontés mais il les amollit (…), il éteint, il hébète. » [2]

Lorsque le message de cet intellectuel percute les tympans, il devient impossible de garder son verre de coca à la main et de regarder fixement les images qui défilent, tel un canard gras devant son entonnoir de maïs concassé.

 

Sommes-nous cérébralement mort ?

Emmanuel Kant nous invite à la réaction parce qu’« il est de la nature intelligible de l’homme de pouvoir par une décision s’extraire de cette détermination, se constituer comme sujet libre, refuser la passion et vouloir seulement la réalisation de l’universalité. Ainsi l’homme passion, peut se vouloir liberté. La liberté n’est jamais acquise, elle est sans arrêt menacée. Elle doit toujours faire l’objet d’une lutte courageuse.» [3]

 

Le courage ! Pour Jean-Jaurès, « le courage, c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel ; c'est d'agir et de se donner aux grandes causes sans savoir quelle récompense réserve à notre effort l'univers profond, ni s'il lui réserve une récompense. Le courage, c'est de chercher la vérité et de la dire ; c'est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques »[4] 

 

L’homme courageux porte donc l’espérance. Et vous ?



[1] Raffaele Simone - Entretien au Monde Magazine-12 sept 2010

[2]Raffaele Simone, Extrait d’un entretien au journal « le Monde » 12 septembre 2010

[3] Emmanuel Kant - Philosophe allemand du XVIIIème siècle,  mort en 1804 à l’âge de 80 ans-  « Qu’est ce que les Lumières ? » 1784

[4] Jean-Jaurès- Le discours à la jeunesse – Albi 30 juillet 1903

Partager cet article
Repost0