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14 décembre 2012 5 14 /12 /décembre /2012 22:27
  • feodalite.png Au centre hospitalier de SARREGUEMINES, le directeur de l’ARS impose la suppression de quasiment 10% des emplois ! Les malades sont guéris ? Non ! Il faut réduire les dépenses. 
  •   A ST Nazaire le déficit prévisionnel pour fin septembre est de 6 millions d'euros peut être davantage pour la fin de l’année et le cumulé de 12 millions d'euros. Le syndicat FO signale, « en un an, le nombre des arrêts longue maladie sur le CH a progressé de plus de 46%.. »
  •  A Chartres plus d'un quart des lits de chirurgie du 3è établissement de la région Centre vont être fermé faute de rentabilité. Etc.
  •  A La Réole en Gironde, un chantier est arrêté faute de crédits, les RTT sont remis en cause, les départs ne sont pas remplacés,
  •  Etc. et ce ne sont que les informations d’un jour.

Tous sont victimes de plans de redressement des comptes ! Les syndicats ne sont pas consultés ! Une simple information portée au Conseil de Surveillance présidé en général par le maire de la commune suffit. C’est ainsi avec la Loi Hôpital Patient Santé Territoire (Loi dîtes HPST) publiée par l’ancien Gouvernement et appliquée sans retouche par le nouveau.

 

 Les directeurs d’hôpital sont-ils devenus de si mauvais gestionnaires ?

        En fait il n’en n’est rien ! (Même si nous connaissons quelques exceptions.) La tarification à l’activité impose des prix qui ne correspondent pas aux coûts réels. Tous les établissements qui sont placés sous la dictature de la T2A sont, où seront à terme, en déficit. C’est mathématique. Lorsque les coûts augmentent en moyenne de 3% et que les tarifs baissent,  le plus grand des argentiers ne pourra éviter le déficit.

 

    harpagon.jpgMais la cupidité n’a pas de limite dans le monde hospitalier. Cette course à l’austérité assassine la qualité, massacre les personnels et instaure l’insécurité pour le malade. Ceci n’a aucune importance pour le suzerain  absolu qui revêt le titre de directeur de l’Agence Régionale de Santé.

A la différence des dictateurs c’est la Loi qui lui a donné tous les pouvoirs. A peine incontrôlé par le Ministre, nommé par le Président de la République, il taille dans les dépenses hospitalières avec la délicatesse d’un bûcheron et le souci d’un Harpagon.

Personne ne peut l’arrêter. Le changement qui s’est opéré au plus haut de l’Etat n’a pas gagné la sphère des ARS et leur cortège de plans sociaux qui sont faussement appelés plan de redressement ou de retour à l’équilibre des comptes.

 

Les hospitaliers sont à la France ce que la Grèce est à l’Europe ! (sans versement d’aides !)

Ils paient un lourd tribut. Au plan national, les conditions de travail dégradées se traduisent par une augmentation annuelle de plus de 10 % des absences au travail pour cause de maladie. Les accidents de travail + 9,21%, les accidents trajet-travail + 33,33% et les maladies professionnelles + 25% ! ([1])

Pendant ce temps la Haute Autorité de Santé discute de la Qualité de Vie au Travail, la QVT ! A l’hôpital ce n’est pas à l’ordre du jour !

La négociation n’est pas prévue !

Le syndicat veut se mettre autour de la table pour négocier ce qui peut l’être ! Mais il n’y a pas de table ! Ce n’est pas prévu par les textes. La loi HPST a balayé le dialogue pour concentrer tous les pouvoirs dans les mains d’un seul maître. Les élus, les syndicats, les usagers sont exclus de toutes consultations. Le plan de retour à l’équilibre est le résultat d’un ordre du suzerain – le Directeur d’ARS - à son vassal - le directeur d’établissement.

 

La Loi HPST, combinée aux précédentes, donne les pleins pouvoirs au Directeur d’ARS et au Directoire de l’hôpital présidé par le Directeur d’établissement qui exécute ! S’il ne se soumet pas au diktat légal de l’ARS, il perd ses primes - environ 40% du salaire - et peut être placé en recherche d’affectation. ([2])

 

Le conseil de surveillance,  présidé généralement par le Maire de la Commune, et à plus forte raison les représentants du personnel,  n’ont rien à dire puisqu’ils ne sont pas consultés sur des mesures qui se traduisent pourtant par des dizaines de suppressions d’emplois.

 

Alors où faut-il porter le dialogue ?

Le gouvernement actuel, comme le précédent,  n’a de cesse de parler de dialogue social. Des conférences, des textes, des circulaires et des mots, toujours des mots qui survolent la réalité sans jamais la rencontrer.

Dialogue ? Mais Ou ? Avec qui ? Pour quoi ? Pour qui ?

Pouvez-vous dire à ces syndicats de personnels hospitaliers avec qui ils peuvent dialoguer pour faire entendre l’état de sinistre grave dans lequel  se trouve l’hôpital ?

La grève, la rue, la violence, la séquestration des cols blancs, la prise en otage du public ? Que voulez-vous ?

 

Si l’expression des personnels ne peut se réaliser dans le cadre d’un dialogue constructif alors d’autres voies s’imposeront !

Nous ne passerons pas de bonnes fêtes !



[1] Source : bulletin de prévention n°9 du Fond National de Prévention de la CNRACL 

[2] Selon le syndicat des cadres FO, « avec la recherche d'affectation des directeurs, le gouvernement a réinventé les lettres de cachet de "l'ancien régime".  Avant 1789, le roi embastillait par lettre de cachet. En 2012, des DG d'ARS décident de placement en recherche d'affectation, contenant des ordres d'exil sans jugement. »

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12 août 2012 7 12 /08 /août /2012 06:39
 
        (image: voir note en bas de page)
 
   empire-des-lumieres-magritte.png Nous sommes dans un hôpital de province. Les années 70 sont un souvenir. Les dortoirs sont calibrés en chambres doubles ou individuelles. Les équipes soudées par un travail difficile se retrouvant aux pauses autour d’une tasse de café,  sont devenues des individualités qui ne se rencontrent plus et qu’il faut évaluer en rapport à des objectifs inatteignables.    .
 
C’est l’ère du challenge. Le culte de la performance. La gloire de l’individu. Mais pour quels résultats ?
 
     
Rosa, l’infirmière raconte !
 
 
La journée de Rosa, une Infirmière comme les autres
 
(extrait de mon livre "L'hôpital disloqué - éditions Le Manuscrit - 2011
en vente à la librairie Mollat à Bordeaux)    
 
 « Je prends mon service à 13h30. Ma collègue du matin n’est pas allée déjeuner afin de pouvoir terminer ses soins, faire sa mise à jour et ses transmissions écrites avant mon arrivée. A mon arrivée, il lui reste environ 4 dossiers à parcourir. Vers 13h45 nous commençons les transmissions avec les collègues aides-soignantes (AS). Nous nous installons à l’écart des salles de soins et du bureau infirmier pour espérer être tranquilles pendant ce moment d’échange. Il ne reste plus qu’une aide-soignante dans les couloirs pour répondre aux sonnettes et une secrétaire pour le téléphone, le reste de l’équipe du matin étant parti déjeuner. Par conséquent, à plusieurs reprises nous sommes dérangées par l’AS car les patients sont douloureux, les pompes à perfusion sonnent ainsi que par différents intervenants qui ont besoin d’informations par téléphone. A 15 heures nous sortons des transmissions, je me dirige alors vers la salle de soins pour « planifier mon après-midi » en sortant les soins que j’ai à réaliser et en commençant à les préparer sur paillasse.
 
Au programme :
 
  • Distribution des médicaments pour 14 patients
  • Evaluation de la douleur, surveillance des voies d’abord, surveillance des constantes
  • Antibiothérapie chez 5 patients à 16h00
  • Surveillance glycémie + insulinothérapie chez 3 patients avant 18h00
  • Poursuite d’une surveillance transfusionnelle chez Mme 108A  ayant fait un OAP        (Œdème Aigu du Poumon) 2 jours auparavant pendant une 1 ère transfusion
  •  1èretransfusion chez Mme 107B programmée pour 16h00
  • Transfusion d’1 CE (Concentré Erythrocytaire) chez Mme 113 à 16h00 qui est en aplasie donc habillage complet obligatoire avant de pénétrer dans la chambre
  • Poursuite de la surveillance de la chimio chez Mme 113
  • 1èrechimiothérapie chez Mme 114 avec surveillance « tensionnelle » toutes les ½ heures sachant que le « Ok pharmacie » a été donné vers 15h00 par les médecins
  • Re-perfuser Mme 108B (qui l’a déjà été par mes soins 3 jours auparavant puis arrêt le lendemain) pour hydratation en vue de débuter chimiothérapie le lendemain
 
Je sors de la salle de soins à 15h30  afin de débuter la distribution des médicaments et mes premiers soins de 16h00 (Les CE et chimio n’étant pas réceptionnés). C’est alors que l’aide-soignante de mon secteur m’interpelle pour me signaler que la patiente du 113 ne va pas bien : hyperthermie à 39°, dyspnée[1] sous oxygène chez une patiente en cours de chimiothérapie. Je me rends alors dans sa chambre en 1er en ayant pris soin de préparer les soins que je dois lui administrer à 16h00 afin d’éviter les allers-retours dans cette chambre (aplasie[2]).
 
Je découvre Mme 113 effectivement très dyspnéique[3], tachycarde[4], hypertendue et hyperthermique. Je fais immédiatement appeler l’interne, je recouche la patiente, lui fais un ECG[5], augmente l’oxygène, lui fais une prise de sang et divers autres soins. Je suis par conséquent obligée de déranger mes collègues à plusieurs reprises pour que l’on m’apporte le matériel nécessaire à la réalisation de ces soins et m’évite les allers-retours avec habillage et déshabillage complet à chaque fois. Je leur demande par ailleurs d’appeler l’établissement de transfusion sanguine pour mettre en attente la transfusion programmée chez cette patiente à 16h00. Les médecins font une demande de scanner en urgence. Je sors de la chambre 113 à 16 heures. Je fais les transmissions avec le binôme infirmier-aide soignant qui termine théoriquement à 15h30.
 
Cela fait deux heures et demi que je suis présente à mon poste et je n’ai vu qu’une seule patiente !!!!! C’est alors que je croise le médecin qui me demande d’instaurer de nouvelles prescriptions chez la patiente du 113. Je prépare donc ces soins et retourne auprès de la patiente pour les lui administrer. Je sens la patiente angoissée par la situation (elle est toujours très dyspnéique), elle est seule dans sa chambre. J’essaie bien évidemment de ne pas lui transmettre mon angoisse et mon stress aux vues de la situation et de tout le travail qu’il me reste. Je reste à ses côtés quelques instants pour dialoguer et ainsi  la rassurer.
Ma collègue du binôme IDE-AS de l’équipe du matin, décide de rester et de me perfuser la patiente du 108B. Elle fera une heure supplémentaire.
L’aide-soignante me fait un bilan des températures et diurèses[6] de notre secteur. Je me lance enfin dans la distribution des traitements à 16h30.
Une autre collègue, qui est théoriquement en consultation post-annonce, monte dans le service et décide de me poser la transfusion chez Mme 107B (je rappelle que la patiente ne l’a jamais été auparavant) et de débuter la chimiothérapie chez Mme 114 (qui elle également n’a jamais reçu ce produit).
Pendant ce temps, je poursuis mes soins et découvre Mme 108A  qui a terminé sa transfusion : Elle n’a fait l’objet d’aucune surveillance "tensionnelle" depuis 12h30 alors que cette patiente a fait un OAP[7] 2 jours auparavant pendant une transfusion.
 
J’ai maintenant vu 5 patients sur 15 (puisque le binôme du matin est parti). C’est alors que l’onco-psychologue m’interpelle, elle souhaite avoir des nouvelles du patient du 112A qu’elle suit régulièrement.
Je lui fais remarquer qu’il est 17h00 ;
  • que je ne l’ai toujours pas vu ;
  • que je reviens de repos ;
  • que je ne l’ai pas vu depuis 2 jours. Mais je prends tout de même 10 minutes pour lui faire part des transmissions de ma collègue du matin.
 
Puis, c’est au tour de la cadre qui veut me voir pour mes horaires des jours suivants. Et enfin retour de l’interne et du médecin qui m’informent que Mme 113 aura son scanner demain et donc qu’il faut la transfuser cet après-midi (je rappelle que la patiente est en OAP). Je les informe que j’accepte seulement si un médecin reste dans l’unité jusqu’à au moins 19h00,  car la transfusion ne pourra être posée qu’à 17h45 au mieux, si ma collègue de 10h/18h se détache pour aller la chercher directement à l’établissement de transfusion sanguine. Ces derniers acceptent. La transfusion sera posée à 17h45 par ma collègue.
 
Entre temps, l’infirmière de consultation m’informe qu’elle quitte le service : j’ai donc 10 patients à voir, 2 transfusions et une chimiothérapie pour lesquelles je dois effectuer des surveillances "tensionnelles" toutes les ½ heures et une patiente en O.A.P.    
 
Je poursuis mes soins. Il est 18h00 : Service du dîner !  Les soins de 16h00 ne sont toujours pas terminés, les patients n’auront donc pas tous leurs traitements au moment du repas et certaines glycémies ne pourront être réalisées par manque de temps.
A 18h45, je regagne enfin le bureau infirmier, pratiquement au même moment que ma collègue du secteur opposé. Je découvre de nouvelles prescriptions dont je prends note et organise mon dernier passage en préparant les soins sur paillasses. J’essaie de poursuivre les surveillances tensionnelles des 2 transfusions et de la chimio.
A 19h30, je commence mon dernier passage dans les chambres pour « installer » les patients avant la nuit. Je refais une évaluation de la douleur, distribue les somnifères, les morphiniques, revérifie les voies d’abord et administre les autres soins (antibiotique, prévention thromboembolique[8] et autres perfusions ou sous-cutanées).
 
Les collègues de nuit arrivent à 20h30. Je suis toujours dans les chambres avec ma collègue. Il me reste 5 patients à voir dont un où je dois mettre en marche une alimentation sur SNG[9] ainsi qu’une hydratation pour une chimio à 1h00 cette nuit. J’ai bien évidemment, théoriquement, toujours les surveillances tensionnelles à assurer.
Les salles de soins et les couloirs débordent de matériel non rangés, de poubelles non vidées par manque de temps. Les collègues de nuit commencent par faire du ménage et du rangement pour espérer prendre leurs fonctions dans un service « convenable ». Il leur manque du matériel et des médicaments pour assurer les soins qu’elles sont obligées d’aller chercher dans les étages. (La plupart du temps, c’et l’infirmière de 10h/18h qui est chargée des commandes. Elle est obligée de « bâcler » ces dernières puisqu’elle doit en plus gérer environ 4 entrées, aider aux soins sur chaque secteur et préparer les bilans du lendemain.)    
Pendant ce temps, je termine mon passage dans les chambres. La patiente du 113 appelle pour épistaxis[10], je retourne donc à son chevet quelques minutes, après m’être habillée pour Xème fois de la journée.
A 21h00 je m’assois enfin avec ma collègue de nuit pour faire les transmissions. Les 2 AS de l’après-midi ont quitté leur poste, il n’y a donc plus personne pour répondre aux appels des patients puisque seulement 2 IDE sont présentes la nuit dans ce service.
 
Nous devons donc gérer les appels des patients pendant les transmissions qui se terminent à 21h45. Je prends les dossiers des patients dont ma collègue a théoriquement besoin pour commencer à planifier sa nuit afin de faire mes transmissions écrites dans les dossiers et,  au vu de l’après-midi il y a de quoi écrire…
 
A 22h15, je quitte le service avec l’impression d’inachevé dans mon travail, un gros sentiment de frustration car je n’ai été qu’une simple exécutante de prescriptions médicales. J’ai dû éviter certaines questions aux patients pour ne pas me mettre plus en retard que je ne l’étais, j’ai dû fermer les yeux sur le mal-être de certains patients car actuellement le temps relationnel n’a aucune valeur dans mon métier alors qu’il est la clé de la prise en charge du patient et notamment de l’adhésion au traitement. Je rappelle que je suis dans un service d’onco-hématologie avec 5 lits identifiés « Lits de Soins Palliatifs ».
 
De plus, j’ai mis la vie de certains patients en danger car bien évidemment je n’ai pu être présente toutes les ½ heures pour assurer les surveillances « tensionnelles » et de ce fait, j’ai également mis mon diplôme et ma vie de professionnelle en danger pour non-respect des règles institutionnelles et éthiques.
 
A 22h45  je rentre enfin chez moi sans même avoir bu un verre d’eau, ni manger quoi que ce soit, ni être allée aux toilettes. J’ai bien sûr pris soin de laisser tout ceci au vestiaire pour ne pas « parasiter » ma vie familiale !!!!
 
Il faut que vous compreniez le climat d’insécurité dans lequel les infirmières de mon service travaillent, qu’elles soient de n’importe quels horaires, et la souffrance que cela peut engendrer. A la fin de notre service, nous ne nous sentons plus infirmières mais seulement techniciennes de soins sans âme. Au final sur cette journée, les heures supplémentaires s’élèvent à 07h30 pour les infirmières et malheureusement cette journée est devenue le quotidien de ce service où les patients sont censés bénéficier de respect, de dignité, de bienveillance et d’accompagnement dans cette dure épreuve qu’est le Cancer. »
 
Les aides-soignantes confirment en hochant la tête. Le rythme est tout aussi soutenu et l’impossibilité de faire apparaît encore davantage. Elles expliquent « qu’il faut compter au moins 45 minutes pour une toilette d’un patient en phase palliative, sachant que notre unité compte 28 patients pour 4 aides-soignantes le matin ». Le calcul est vite fait. L’organisation du service permet de réaliser ces toilettes entre 9h30 et 12h voire jusqu’à 13 h. Au mieux, les aides-soignantes auront dix minutes à deux et par toilette pour des patients en phase palliative, c'est-à-dire totalement dépendants et mourants. « Alors comment on fait ? Il faut qu’on se débrouille ! »
 
 
 
Epilogue :
 
Mais tout ceci se passe dans l’ombre. Les cadres n’ont pas les moyens d’apporter des réponses. Les directeurs doivent recruter des spécialistes de la facturation pour ne pas perdre les euros de la tarification à l’activité. Les médecins sont éreintés.
 
Mais tout ceci se passe à l’ombre de l’Agence Régionale de Santé qui ne veut pas connaître la réalité du terrain car ce n’est pas son travail. Elle doit gérer un budget qui ne suit pas l’évolution des prix, de la technique, de la nouvelle organisation architecturale des services en chambres individuelles, etc, etc.
 
Mais tout ceci se passe à l’ombre du pouvoir qui est en compétition avec le monde. Il faut être rentable, il faut diminuer les dépenses publiques, réduire le coût du travail, réduire les dépenses de santé, etc. etc.
 
D’accord ! Mais d’un côté il y a des morts qui pourraient être évitées et de l’autre des personnels hospitaliers en perdition.  
 
Que le pouvoir politique décide de réduire les dépenses de santé est un choix qu’il lui faut assumer. Ce n’est pas aux personnels hospitaliers de payer la facture, en travaillant sans être payé, (l’équivalent de 20.000 emplois sont en heures supplémentaires non payées ou en compte épargne temps), ou en devenant les victimes de maladies professionnelles, d’accidents de travail, de troubles psychosociaux, etc. etc.
 
Mais tout ceci se passe à l’ombre et ce jeu là n’est malheureusement pas terminé !
Denis
Août 2012 
             
  L'hôpital-disloque 
L'hôpital disloqué - éditions Le Manuscrit - 2011
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


[1]Dyspnée : difficulté respiratoire
[2]Aplasie : cancer de la moelle
[3]Dyspnéique : difficulté respiratoire  grave
[4]Tachycarde : palpitations
[5]ECG :  électro cardiogramme
[6]Diurèse : mesure les urines
[7]OAP : œdème aigue du poumon. Insuffisance cardiaque gauche
[8]Thromboembolique : pour éviter les embolies
[9]SNG : sonde nasale gastrique
[10]Épistaxis : saignement de nez
 
 
 
empire-des-lumieres-magritteEn image le tableau de Magritte "L'empire des lumières"   L'Empire des lumières est une des plus célèbres toiles du peintre surréaliste belge René Magritte : il en a peint plusieurs versions, la plus connue date de 1954. Elle mesure 146 cm sur 114 cm et est conservée au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles.
La dualité jour/nuit est à la base de cette peinture qui met en scène un ciel diurne associé à des ombres et des éclairages nocturnes. Tel un magicien, l'artiste transforme les images qu'il trouve autour de lui, afin de créer la subversion et d'engendrer un climat poétique qui lui est propre.
 
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19 janvier 2012 4 19 /01 /janvier /2012 17:54

L'hôpital !

 

L’hôpital public devient progressivement une zone de non droit ! L’ambition de la performance économique balaie tout sur son passage. La qualité du travail, les mesures élémentaires de sécurité des soins et des personnels, le respect du droit n’est plus assuré. C’est insultant pour notre République de Liberté, d’Egalité et de Fraternité[1]. Le service public hospitalier devient progressivement une usine produisant des soins. Les infirmières muent en techniciennes sans âme, les directeurs en exécutant de basses besognes. Nous devons poursuivre une mission de service public alors que nous sommes privés de moyens, de personnel, de matériel et dans des conditions telles que 100 000 agents hospitaliers sont arrêtés tous les jours pour raison de santé.

Le travail tue, mais qui s’en préoccupe ? Un suicide ici et là, des dizaines sur un an ! Et après ? Une manchette dans le journal local ? Rien n’arrête le tsunami de l’économie libérale dépravée menée par un gouvernement qui poursuit sa guerre contre l’Etat, contre les services publics, contre tous les secteurs de l’économie susceptibles de freiner les profits de quelques uns. Nous sommes bien dans « l’Etat prédateur » si bien décrit par J.K.Galbraith[2]

 

Le "DIABLE" !

 

Pour mettre en œuvre cet assèchement de la démocratie, pour casser cet hôpital public, au service bien souvent des plus modestes, le Président de la République a promulgué la Loi dite « Loi HPST »[3] . Cette Loi qui permet de donner des missions de service public aux cliniques commerciales. Une loi qui organise la fermeture de services, d’hôpitaux,  contre l’avis des élus et des représentants des personnels. Une loi qui force le mariage entre les intérêts commerciaux des cliniques et les missions du service public hospitalier. Une loi accouchant les bras armés de la réforme : les Directeurs d’Agence Régionale de Santé. (DARS)

Ces nouveaux bourreaux du service public hospitalier sont directement nommés par le président de la République. Leur pouvoir est exorbitant. Ils écrasent la démocratie, mais tout à fait légalement puisque c’est la Loi qui leur fournit les armes.

A l’aide de contrats unilatéraux, ces DARS, sous l’impulsion directe de la Présidence de la République,  imposent les restructurations, la fermeture de services, des pénalités financières en cas d'inexécution partielle ou totale, mutent d’office les personnels sans consultation. Tel le roi sous l’ancien régime par ses lettres de cachet[4], ils suspendent des directeurs et des médecins d’hôpital qui ne remplissent pas les critères de performances économiques. Ils doivent se conformer aux ordres sans aucune possibilité d’y déroger. Ils seront licenciés au bout de deux ans si aucun poste ne leur est proposé. Se soumettre ou se démettre, ainsi va l’hôpital 2012 !

 

 

Les ROIS ET les manants !

 

Quant au personnel hospitalier il devient la chair a canon de la guerre économique. Il ne suscite aucun respect de la part de ces gens là aux ordres d’un pouvoir abscond et machiavélique ! La féodalité est de retour ! Ca va mal se finir !

 

Je ne peux m’empêcher d’établir un parallèle avec le film de Bertolucci, « Le Conformiste » ou encore avec le nain jaune  d’Alexandre Jardin. C’est le grand père d’Alexandre Jardin, « le principal collaborateur du plus collabo des hommes d’Etat français : Pierre Laval, chef du gouvernement du Maréchal Pétain. »[5]

Comment ne pas transposer cet état à la situation de l’hôpital public ? « Tôt dans ma vie, j’ai donc flairé avec horreur que des êtres apparemment réglo – et qui le sont sans doute – peuvent être mêlés aux plus viles actions dès lors qu’ils se coulent dans un contexte qui donne un autre sens à leurs actes. Lorsqu’un individu doté d’une vraie colonne vertébrale morale s’aventure dans un cadre maléfique, il n’est plus nécessaire d’être le diable pour le devenir. »

Nous y voilà ! Le dilemme du fonctionnaire ! Le droit de désobéissance est-il possible ?

Oh, rien à voir avec la rafle du Vél d’Hiv du 16 juillet 1942, juste la mise en place de la Loi HPST ou de la RGPP, la Réforme Générale des Politiques Publiques. Celle qui fusionne les administrations entre-elles, qui supprime un fonctionnaire sur deux qui part à la retraite sans se soucier ni des hommes ni des résultats. Le dogme domine ! Le fonctionnaire exécute ! Il faut réduire les dépenses immédiates sans se soucier du lendemain. C’est la seule consigne !

En France, le pouvoir démocratique est décapité par la finance ! Le Président et ses ministres sont soumis, ordonnent, organisent et placent les « nains jaunes » dans les plus viles actions pour assécher la République de ses valeurs fondamentales. Ainsi les fonctionnaires sont menés dans un cadre pernicieux, dans lequel il n’est plus nécessaire d’être le diable pour le devenir.

 

 

Le devoir de désobéissance doit s’imposer à tous ceux qui veulent vivre dans un monde libre, berceau de liberté, d’égalité et de  fraternité. Seul vous servirez de chair à canon. Ensemble tout est possible !

 

Ne soyons pas les « nains jaunes » du XXIème siècle. Résistons !



[1]  Constitution : ARTICLE 2: “La langue de la République est le français. L'emblème national est le drapeau tricolore, bleu, blanc, rouge. L'hymne national est « La Marseillaise ». La devise de la République est « Liberté, Égalité, Fraternité ».  Son principe est : gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple”.

[2] « L’état Prédateur » Editions Le Seuil - 2009

[3] LOI n° 2009-879 du 21 juillet 2009 portant réforme de l'hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires

[4] Une lettre de cachet est, sous l’Ancien Régime en France, une lettre servant à la transmission d’un ordre du roi, permettant le plus souvent l'incarcération sans jugement, l'exil ou encore l'internement de personnes jugées indésirables par le pouvoir.

[5] Alexandre Jardin « Des gens très bien »  Editions Grasset et Fauquelles et Alexandre jardin – 2010

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