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14 juillet 2012 6 14 /07 /juillet /2012 08:49

bastilleLa vision de ce monde par l’américain John K. Galbraith est intéressante à plus d’un titre. D’abord, parce que c’est un économiste réputé, fils d’un économiste très réputé, ensuite, parce que l’Amérique inspire largement l’Europe. Ce qui se passe chez eux se passera plus tard chez nous.

 

Il présente l’Etat prédateur, « cette nouvelle classe dotée d’un immense revenu personnel qui veut s’emparer de l’Etat et de sa gestion »  qui ne veut pas mettre en œuvre un projet idéologique, mais simplement « organiser de la façon qui leur rapporte le plus d’argent, à eux individuellement et en tant que groupe, qui perturbe le moins leur pouvoir et qui leur offre le plus de chances d’être renfloués au cas où quelque chose tournerait mal. Bref ils ont décidé d’agir en prédateurs. » 

 

 Il explique ensuite comment ils organisent le pouvoir pour le transmettre des organisations associatives ou syndicales, qui peuvent poursuivre des objectifs sociaux et techniques, aux individus, qui n’en ont pas. « Les chefs d’entreprises ont vu s’esquisser à la fin des années 1970 et dans les années 1980, une possibilité infiniment plus satisfaisante de leur point de vue : le contrôle de l’appareil d’Etat. Aux Etats-Unis, c’est le Parti Républicain qui est devenu l’instrument de cette forme de mainmise des entreprises, […] cherchant à mettre à genoux le système de réglementation. »

 

C’est l’Etat prédateur. « Une coalition d’adversaires implacables du cadre réglementé dont dépend l’intérêt public, composée d’entreprises dont les principales activités lucratives concurrencent les grands services publics » […] Ces firmes n’ont elles-mêmes aucun attachement à aucun pays. […] Leur raison d’être est de tirer de l’argent de l’Etat, tant qu’elles le contrôlent. » [1] etc., etc.

 

C’est ainsi que les caisses d’épargne populaires seront supprimées, que  des offensives seront menées contre les Caisses de retraite publique et qu’il y a eu un plan de transfert massif du poids de la fiscalité du capital au travail.

 

Il explique très simplement que « pour faire avaler la pilule de la privatisation, il est d’abord nécessaire de persuader les populations que le système public existant ne marche pas et ne peut être maintenu. »

 

Enfin « les forces organisées qui défendaient et faisaient avancer le processus de réglementation ont été gravement, presque mortellement affaiblies. Il s’agissait avant tout des associations civiques et des syndicats ». Ainsi peut naître la République-entreprise !

Les institutions sont privées de fonctionnaires indépendants. « La prédation est l’ennemie de l’entreprise honnête et indépendante et particulièrement de l’entreprise durable, celle qui veut simplement vendre à la population et gagner convenablement sa vie à long terme. »

 

Mais beaucoup d’autres nous expliqueront que tout ceci est en Amérique !

 

prochain article:

"Des besoins  absolus  aux besoins  relatifs"

 

 


[1]  James K. Galbraith, « L’Etat prédateur »- Editions du Seuil, septembre 2009 – chapitre 10- l’essor de l’Etat prédateur- p 185 et suivantes..

 


 

 

  liste des articles:

0/10: Libérez-vous

1/10: Premières lectures d'économie

2/10: Une économie sans frontière

3/10: L’Etat ne gère plus sa monnaie

4/10: Les voyoux de la dette

5/10: Les exonérations de charge en remplacement du salaire

6/10: NAISSANCE ET MORT DES ACCORDS DE BRETTON WOODS

7/10: L’INACCEPTABLE DIKTAT !

8/10: L’EUROPE LIBERALE, CHAOS DE LA DEMOCRATIE ?

9/10: DE LA FORTERESSE DES TYRANS A LA REPUBLIQUE-ENTREPRISE

10/10: DES BESOINS ABSOLUS AUX BESOINS RELATIFS

Epilogue: Si personne n’était passé à cet endroit, aucun chemin n’aurait pu me guider

 
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13 juillet 2012 5 13 /07 /juillet /2012 08:52

painSelon John Maynard Keynes « il faut distinguer deux catégories des besoins de l’être humain : les besoins qui ont un caractère absolu en ce sens que nous les éprouvons quelle que soit la situation de nos semblables, et ceux qui possèdent un caractère relatif lorsque leur assouvissement nous place au-dessus de nos semblables ou nous donne l’impression de leur être supérieurs. Les besoins de cette seconde catégorie, ceux qui correspondent à un désir de supériorité, sont peut-être tout à fait insatiables. » [1]

 

Ce grand économiste espérait dans l’évolution de l’homme et de ses besoins. « Quand l’accumulation de la richesse ne sera plus d’une grande importance sociale, de profondes modifications se produiront dans notre système de moralité. Bien entendu, il y aura encore bien des gens dotés « d’intentionnalité » puissante et inassouvie, qui poursuivront aveuglément la richesse, à moins qu’ils ne sachent trouver un substitut acceptable. Mais nous ne serons plus obligés de les applaudir et de les encourager ».

 

Il se réjouit de voir se réaliser dans un avenir pas si lointain, « le plus grand changement dans les conditions matérielles de la vie des êtres humains qui se fera graduellement, et non pas en un bouleversement soudain. Le cours de l’évolution tiendra simplement en ce que les classes sociales toujours plus larges et des groupes humains toujours plus nombreux seront délivrés pratiquement de la nécessité économique ».

Il estime que la vitesse à laquelle nous pourrons atteindre notre destination de félicité économique « dépendra en partie de notre consentement à nous en remettre à la science pour diriger toutes les affaires qui sont proprement du ressort de la science et le taux d’accumulation tel que le fixera la marge entre notre production et notre consommation ». Il pense qu’un siècle sera nécessaire pour nous mener à la lumière du jour. C’était en 1930 ! C’est dans moins de vingt ans !

 

 « Si les économistes pouvaient parvenir à se faire considérer comme des gens humbles et compétents, sur le même pied d’égalité que les dentistes, ce serait merveilleux » écrivait John Maynard Keynes !

 

Prendre conscience que l’enrichissement des uns se réalise au détriment des autres est un moteur essentiel du changement nécessaire pour que chacun puisse participer aux réponses qui permettent d’assurer les besoins absolus de tous. N’est-ce pas le souci de l’égalité, de la fraternité ? N’est ce pas l’essence même de la République ?

 

 
La suite du livre prochainement

 

1] Dans The Nation and Athenaeum, 11 octobre 1930

 


 

  liste des articles:

0/10: Libérez-vous

1/10: Premières lectures d'économie

2/10: Une économie sans frontière

3/10: L’Etat ne gère plus sa monnaie

4/10: Les voyoux de la dette

5/10: Les exonérations de charge en remplacement du salaire

6/10: NAISSANCE ET MORT DES ACCORDS DE BRETTON WOODS

7/10: L’INACCEPTABLE DIKTAT !

8/10: L’EUROPE LIBERALE, CHAOS DE LA DEMOCRATIE ?

9/10: DE LA FORTERESSE DES TYRANS A LA REPUBLIQUE-ENTREPRISE

10/10: DES BESOINS ABSOLUS AUX BESOINS RELATIFS

Epilogue: Si personne n’était passé à cet endroit, aucun chemin n’aurait pu me guider

 


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